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Procès Lumbala : L’ancien chef rebelle congolais quitte la salle d’audience, accusant la France d’incompétence

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Lors de l’ouverture de son procès à Paris ce mercredi 12 novembre, Roger Lumbala, ex-chef rebelle congolais, a refusé de se présenter devant le tribunal, dénonçant l’incompétence de la justice française pour juger ses actes commis en République Démocratique du Congo.

Ce mercredi 12 novembre 2025, une scène surprenante s’est déroulée au Palais de justice de Paris lors de l’ouverture du procès de Roger Lumbala, ancien chef rebelle congolais, accusé de complicité de crimes contre l’humanité. Jugé pour des atrocités perpétrées entre 1998 et 2003 dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), Lumbala a formellement rejeté la compétence de la justice française et a quitté la salle d’audience en signe de protestation.

Dès son apparition dans le box des accusés, Lumbala a exprimé son refus de se soumettre à la procédure.

« Je considère la France incompétente pour me juger. La procédure est inéquitable. Je récuse mes avocats », a-t-il affirmé d’un ton catégorique.

Il a poursuivi en annonçant :

« Je refuse d’être défendu par un autre avocat et je demande à être retiré de la salle d’audience. »

En réponse à cette déclaration, le président de la Cour a décidé de désigner d’office un avocat pour assurer la défense de Lumbala. Cependant, l’avocat choisi, Me Hugues Vigier, a décliné cette mission, invoquant un motif d’empêchement et précisant qu’il ne pouvait pas défendre un accusé contre sa volonté.

Roger Lumbala n’a pas manqué de dénoncer ce qu’il considérait comme une justice partielle, excluant toute légitimité à juger ses actes sur la base de la nationalité des juges.

« La Cour est constituée de Français, les membres du jury, les procureurs, les greffiers. Vous n’avez jamais été en RDC, vous n’avez pas mené d’enquête là-bas. De quoi me jugez-vous ? Vous pouvez faire la justice comme vous l’entendez, mais je refuse de participer à ce simulacre. » a-t-il lancé.

Les avocats de la défense ont précisé que cette attitude de Lumbala s’inscrivait dans une stratégie juridique visant à contester la légitimité de la justice française. Me Tshibangu Kalala, un des avocats, a expliqué que cette démarche avait pour but de remettre en question la compétence de la France à juger l’ancien chef rebelle. De son côté, Me Zeller, un autre avocat de la défense, a décrit cette procédure comme une forme de justice néocoloniale, soulignant que cette situation risquait d’offenser la souveraineté de la RDC. Bien que regrettant la décision de Lumbala, il a estimé que son comportement restait compréhensible.

La question de la compétence du tribunal français est désormais au cœur de l’affaire. La justice française s’appuie sur le principe de la compétence universelle, un principe qui lui permet de juger des crimes contre l’humanité, indépendamment du lieu où les faits ont été commis ou de la nationalité des accusés. Ce mécanisme vise à poursuivre les auteurs de crimes graves lorsque le pays où les crimes ont eu lieu ne veut pas ou ne peut pas les juger.

L’avocate Clémence Bectarte, qui représente plusieurs parties civiles dans ce procès, a expliqué que la RDC n’avait pas démontré la volonté politique de juger Roger Lumbala pour les crimes dont il est accusé. Dans ce contexte, elle a affirmé que la justice devait être rendue, même en dehors des frontières congolaises.

Après le retrait de Lumbala de la salle d’audience, la procédure a été suspendue. Le procès reprendra ce jeudi 13 novembre 2025, avec une audience clé portant sur la légitimité de la Cour à poursuivre l’affaire. Cette décision pourrait avoir des conséquences importantes, non seulement sur cette affaire, mais aussi sur la question de l’intervention de la justice internationale dans des affaires nationales.

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