Tshopo : l’Assemblée provinciale ordonne la résiliation du contrat entre le gouvernement et l’entreprise IBC pour le stade Lumumba

L’Assemblée provinciale de la Tshopo a unanimement recommandé au gouvernement provincial de mettre fin au contrat de réhabilitation du stade Lumumba confié à l’entreprise IBC, jugée inexpérimentée et peu transparente dans la gestion des fonds publics.
Réunie en plénière ce lundi 20 octobre, l’Assemblée provinciale de la Tshopo a adopté à l’unanimité la recommandation exigeant du gouvernement provincial la résiliation immédiate du contrat signé avec l’entreprise IBC pour la réhabilitation du stade Lumumba de Kisangani.
Cette décision fait suite à la présentation du rapport de la commission parlementaire chargée d’enquêter sur l’utilisation des fonds alloués par le gouvernement central pour la réhabilitation du stade Lumumba et de la Route nationale n°4.
« Qui est pour ? Qui est contre ? Qui s’abstient ? À l’unanimité, la recommandation est adoptée », a déclaré le président de l’Assemblée provinciale, le Dr Mateus Kanga, en clôturant le vote.
Il a précisé que l’Assemblée n’a pas vocation à sanctionner directement, mais qu’elle transmettra le rapport complet au procureur général pour d’éventuelles suites judiciaires, conformément au règlement intérieur.
Le rapport de la commission révèle plusieurs irrégularités dans l’attribution du marché à l’entreprise IBC, absence d’expérience dans la construction d’infrastructures sportives, documents administratifs incomplets et gestion jugée peu transparente.
Les conclusions s’appuient notamment sur un avis de la Direction générale de passation des marchés publics (DGMP), qui met en cause la conformité légale et technique du processus d’attribution.Prenant la parole au cours du débat, le député provincial Manou Makoka a vivement dénoncé la gestion financière du projet.
« On a déjà donné un million de dollars pour le stade, mais l’entreprise n’en aurait reçu que 773 000 », a-t-il déclaré.
Il poursuit :
« Les matériaux de construction se trouvent ici même à Kisangani : barres de fer chez Congo Futur, ciment à l’extension PPC, quincaillerie dans nos magasins. Cet argent est énorme ! Cette entreprise commence déjà avec de l’escroquerie dès le départ. »
Le député a par ailleurs affirmé disposer d’informations selon lesquelles le responsable de l’entreprise IBC aurait nié avoir bénéficié de financements gouvernementaux pour des projets antérieurs, soulevant ainsi des doutes sur la fiabilité de la société.
Pour plusieurs élus, ce dossier illustre un manque de rigueur dans la gestion des marchés publics au niveau provincial. En adoptant cette recommandation, l’Assemblée provinciale adresse un signal fort, la complaisance n’a plus sa place dans la gestion des fonds publics.
De nombreux observateurs voient dans ce vote unanime une volonté nouvelle des députés provinciaux de renforcer la redevabilité et le contrôle parlementaire sur les projets financés par l’État.
Le gouverneur Paulin Lendongolia Lebabonga, souvent critiqué pour son manque de fermeté dans le suivi des chantiers, se trouve désormais confronté à une épreuve politique, appliquer la recommandation ou risquer une confrontation directe avec l’organe délibérant.
L’Assemblée a, enfin, décidé de saisir le procureur général pour qu’une enquête judiciaire soit ouverte sur les irrégularités relevées. Pendant ce temps, le stade Lumumba, symbole historique du sport boyomais, demeure dans un état de délabrement avancé, en attente d’une réhabilitation réelle et crédible.
En ordonnant la rupture du contrat avec IBC, l’Assemblée provinciale de la Tshopo réaffirme son rôle de gardienne de la transparence et du contrôle public, tandis que les Boyomais attendent toujours de voir leur stade renaître.

