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Kinshasa impose une suspension des motions : un frein à la démocratie provinciale ?

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À Kinshasa, ce 5 novembre 2025, face à l’escalade des tensions politiques dans plusieurs provinces, le gouvernement central a décidé de reprendre la main. Depuis ce mercredi 5 novembre, une réunion des gouverneurs, vice-gouverneurs et membres des bureaux des assemblées provinciales se tient à Kinshasa. Cette rencontre vise à apaiser les tensions et à renforcer la stabilité des institutions provinciales.

Au centre des discussions, une recommandation du Vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani Lukoo, suggère la suspension des motions et pétitions à l’encontre des gouverneurs et des membres des bureaux des assemblées provinciales, et ce, pendant la période de guerre que traverse la République Démocratique du Congo.

Le VPM justifie cette mesure par le fait que les motions répétées, notamment celles visant à destituer des gouverneurs, plongent les provinces dans un cycle d’ingouvernabilité. Il estime que ces actions nuisent à l’unité nationale, en particulier en période de crise sécuritaire.

« Le gouvernement de la République ne permettra pas à nos provinces de sombrer dans l’instabilité. Toutes les mesures nécessaires seront prises pour garantir la stabilité des institutions. », a-t-il averti.

En échange de cette suspension, Jacquemain Shabani a exigé des gouverneurs une gestion plus rigoureuse, transparente et concertée avec les assemblées provinciales. Il a souligné l’importance d’un dialogue permanent entre les exécutifs et les législatifs provinciaux pour garantir la mise en œuvre des projets d’intérêt majeur, qu’ils soient financés par le gouvernement central ou les partenaires.

Le VPM a également rappelé que le gouvernement ne se privera pas d’utiliser les pouvoirs exceptionnels que lui confère la Constitution, notamment les articles 197 et 198, pour préserver la stabilité des institutions provinciales.

« Nous n’hésiterons pas à prendre toutes les mesures légales nécessaires pour éviter le chaos politique dans nos provinces. », a-t-il ajouté.

Cependant, cette initiative suscite déjà la controverse. Plusieurs observateurs et acteurs politiques dénoncent ce qui pourrait être perçu comme une tentative de réduire le pouvoir des assemblées provinciales sous prétexte de maintenir la stabilité. Des voix s’élèvent pour rappeler que les motions et pétitions sont des instruments constitutionnels permettant de contrôler les exécutifs provinciaux.

Un activiste pro-démocratie de Kisangani a réagi :

« La stabilité ne doit pas rimer avec la soumission. Chaque assemblée provinciale doit pouvoir exercer son rôle de contrôle. »

Il reste à voir si les assemblées provinciales accepteront de suivre cette ligne imposée par Kinshasa ou si elles résisteront à ce que certains qualifient de centralisme excessif du gouvernement.

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