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Nord-Kivu : l’AFC/M23 installe une justice parallèle, le gouvernement congolais fulmine

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Alors que les pourparlers de paix piétinent à Doha, l’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) a franchi un nouveau pas en organisant un concours pour recruter ses propres magistrats dans les zones sous son contrôle. Une initiative vivement condamnée par Kinshasa.

Ce dimanche 14 septembre, près de 800 candidats se sont rassemblés à l’Université de Goma pour participer à un examen d’évaluation destiné à l’accession à la magistrature, organisé par la Commission de Relance de la Justice de l’AFC/M23.

Selon les organisateurs, l’objectif affiché est de rebâtir un appareil judiciaire neutre, crédible et accessible dans les territoires placés sous administration rebelle.

« L’ouverture des activités judiciaires ne devrait étonner personne. Elle rentre dans la nature même de la personnalité juridique internationale dont jouit l’AFC/M23 », a affirmé Délion Kimbulungu, président de ladite commission.

Du côté des institutions congolaises, la réaction ne s’est pas fait attendre. Le Conseil supérieur de la magistrature a fustigé ce qu’il qualifie de reconstitution illégale du pouvoir judiciaire, rappelant que seul l’État congolais est compétent pour nommer des magistrats sur l’ensemble du territoire national.

À Kinshasa, cette démarche est perçue comme une provocation et une atteinte directe à la souveraineté du pays.

Pour légitimer son initiative, l’AFC/M23 invoque l’article 19 de la Constitution congolaise, qui garantit à tout citoyen le droit d’accéder à la justice. Mais cette justification suscite des doutes dans un contexte marqué par l’occupation militaire et la fragilité institutionnelle.

« Personne ne se rendra justice. La neutralité du secteur judiciaire est assurée dans les territoires libérés », a insisté M. Kimbulungu.

Une affirmation qui peine à convaincre, alors que les combats se poursuivent et que de nombreux civils restent pris entre deux feux.

Pour plusieurs analystes, cette décision de l’AFC/M23 constitue une ligne rouge franchie, renforçant la fragmentation institutionnelle du pays et compliquant davantage les pourparlers de paix en cours à Doha. La mise en place d’une justice parallèle pourrait, selon eux, accentuer la méfiance entre les parties et retarder toute perspective d’accord durable.

En installant une justice parallèle, l’AFC/M23 cherche visiblement à se donner l’image d’un pouvoir organisé et légitime dans ses zones d’influence. Mais pour Kinshasa, cette tentative d’institutionnalisation rebelle est non seulement illégale, mais aussi un obstacle supplémentaire sur le chemin déjà tortueux de la paix.

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