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RDC : L’Alliance des autorités coutumières porte plainte contre la CENCO et l’ECC pour « usurpation de pouvoir »

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L’Alliance des autorités traditionnelles et coutumières pour le Grand Congo (AATCC) accuse la CENCO et l’ECC d’avoir initié un processus de paix en bafouant le rôle des chefs coutumiers reconnu par la Constitution. Une plainte a été déposée ce mercredi 16 juillet devant la Cour de cassation.

Dans un contexte sécuritaire toujours tendu à l’Est de la République démocratique du Congo, les tensions ne se limitent plus au terrain militaire. Elles gagnent désormais le front institutionnel. Ce mercredi 16 juillet 2025, l’Alliance des autorités traditionnelles et coutumières pour le Grand Congo (AATCC) a déposé une plainte contre la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC), devant le parquet près la Cour de cassation à Kinshasa. À l’origine de cette action en justice : l’initiative de paix interreligieuse récemment lancée par ces deux puissantes confessions. Ce projet, baptisé « Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble », vise à organiser un dialogue national inclusif et proposer des pistes de sortie de crise face aux violences armées à l’Est.

Mais pour les représentants de l’AATCC, ce projet outrepasse les prérogatives des églises.

« Il ne revient pas aux confessions religieuses d’organiser un dialogue national sans associer les autorités coutumières, qui sont les garantes des communautés locales », a déclaré Emmanuel Lemba-Lemba, président de l’AATCC, à la sortie du dépôt de la plainte.

L’organisation dénonce notamment une « usurpation de pouvoir coutumier » contraire à l’article 207, alinéa 4 de la Constitution congolaise, qui consacre la reconnaissance légale des autorités traditionnelles dans la gestion des affaires communautaires.

Le projet initié par la CENCO et l’ECC bénéficie pourtant d’un large soutien politique, y compris de la présidence de la République. Il s’inscrit dans une tentative de mobilisation nationale face à la menace persistante du M23/AFC, groupe rebelle accusé d’être soutenu par le Rwanda, et qui contrôle plusieurs localités dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu.

« Il faut sortir des sentiers battus. Le temps est venu pour un dialogue national sur la paix, la sécurité, et la cohésion », avait déclaré récemment un évêque impliqué dans l’initiative, plaidant pour une « responsabilité morale des églises ».

Mais cette approche « interreligieuse » ne fait pas l’unanimité.

Si le processus voulu par les églises vise l’apaisement, il soulève en parallèle une question de légitimité : peut-on parler de paix durable sans les garants historiques des communautés locales ? Cette bataille institutionnelle met en lumière une fracture plus profonde : celle entre les élites religieuses, politiques et coutumières, dans la quête de solutions durables à une crise devenue systémique.

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