RDC–Japon : Osaka scelle une alliance stratégique autour du manganèse du Kongo Central

Porté par la Vision 2050 du gouvernement Suminwa, un accord signé à Osaka prévoit l’exploitation industrielle du manganèse au Kongo Central. À la clé : 2 500 emplois et un tournant dans les relations économiques entre Kinshasa et Tokyo.
Osaka, 28 juin 2025, dans la discrétion des salons d’affaires mais sous l’éclairage d’un enjeu stratégique, la République démocratique du Congo et le Japon ont ouvert un nouveau chapitre de leur coopération. En marge du Forum économique RDC–Japon organisé à Osaka, la Première ministre Judith Suminwa Tuluka a supervisé la signature d’un partenariat stratégique entre la société congolaise Kerith Resources et la firme japonaise Asia Mineral Limited, spécialisée dans les métaux industriels.
De cette alliance naît une nouvelle entité, Kivuvu Kongo Mines, chargée d’exploiter le manganèse dans la province du Kongo Central. Un projet aux dimensions économiques évidentes, mais aussi symboliques : c’est la première fois qu’un opérateur japonais s’engage aussi directement dans l’amont minier congolais, sur un site d’exploitation à fort potentiel.
Dans une déclaration prononcée devant un panel ministériel réunissant plusieurs membres du gouvernement congolais, Judith Suminwa a inscrit cet accord dans le cadre de la Vision 2050, ambition nationale pour une économie plus résiliente, inclusive et diversifiée. Selon ses mots, « les secteurs extractif, agricole et énergétique doivent devenir les moteurs d’une transformation structurelle. Nos ressources doivent travailler pour le peuple. »
La nouvelle société minière prévoit de créer 2 500 emplois directs, principalement pour la jeunesse locale, avec une chaîne de valeur intégrée qui irait au-delà de la simple extraction. L’accord comporte des clauses de formation, d’infrastructures et d’investissement communautaire, selon une source proche du dossier. Ce projet, situé à proximité de l’axe océanique, pourrait également renforcer la position stratégique du Kongo Central dans le commerce régional.
L’événement d’Osaka n’a pas seulement servi de cadre à une signature. Il a surtout permis un dialogue direct entre les gouvernements, les investisseurs et les experts, autour des conditions d’un partenariat gagnant-gagnant. Le Japon, à la recherche de sources fiables pour ses chaînes d’approvisionnement industrielles, voit dans la RDC un pays à potentiel immense pourvu que les règles du jeu soient claires et les garanties assurées.
Avec cet accord, le gouvernement congolais confirme sa volonté de passer d’un modèle d’extraction à une politique de valorisation, en nouant des alliances basées sur le transfert de compétences, l’emploi local et la transparence.
Ce qui s’est joué à Osaka dépasse la simple exploitation d’un minerai. Il s’agit d’un signal politique, économique et diplomatique : la RDC veut choisir ses partenaires et maîtriser ses ressources. En misant sur un projet structurant, la Première ministre Judith Suminwa engage son gouvernement sur une voie ambitieuse, où les richesses du sous-sol deviennent levier de dignité pour les populations. Reste à traduire cette promesse en réalité.

Journaliste|PDG du média YOKA INFOS