Processus de paix RDC–M23 : Kinshasa verrouille sa communication dans un contexte diplomatique tendu

La Première Ministre Judith Suminwa restreint les canaux officiels pour éviter les fausses notes autour de l’accord RDC-Rwanda.
Dans un contexte de haute tension diplomatique, le gouvernement congolais resserre sa communication sur les négociations de paix avec le M23. Ce dimanche 6 juillet, la Première Ministre Judith Suminwa Tuluka a instruit que seules trois entités soient désormais autorisées à s’exprimer publiquement sur le sujet.
Il s’agit précisément de : la ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner ;
le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya ;
la cellule de communication de la Présidence de la République.
Cette décision vise à centraliser et sécuriser la parole gouvernementale, alors que les discussions se poursuivent au Qatar, sous médiation internationale. Officiellement, il s’agit d’éviter les déclarations contradictoires ou imprudentes qui pourraient fragiliser les pourparlers.
Un accord encore sous pression
Le 27 juin, la RDC et le Rwanda ont signé à Washington un accord de paix sous l’égide de plusieurs partenaires internationaux. Si cet acte diplomatique a été salué par l’Union africaine et l’ONU comme une avancée notable, son exécution concrète reste incertaine, notamment sur le plan économique, un volet encore flou et objet de discussions parallèles.Certaines sources évoquent une entente minière potentielle entre Kinshasa et Washington, dans laquelle les zones sous contrôle du M23 pourraient jouer un rôle clé. Une hypothèse qui suscite autant de spéculations que d’inquiétudes sur les concessions que la RDC pourrait accorder dans les coulisses.
Le M23 prend ses distances
Le 3 juillet, à Goma, le secrétaire exécutif du M23, Benjamin Mbonimpa, a tenu à marquer une séparation claire entre son mouvement et l’accord signé entre la RDC et le Rwanda. « Ce qui se passe entre ces deux États ne nous concerne pas directement », a-t-il déclaré, tout en réaffirmant l’engagement du groupe à poursuivre les négociations à Doha.
Une paix encore fragile dans un climat explosif
Malgré une certaine stabilisation de la ligne de front depuis février, les combats sporadiques entre les rebelles du M23 et les milices pro-gouvernementales se poursuivent dans l’Est. Les régions du Nord et Sud-Kivu, riches en ressources minières, restent sous haute tension.Face à ce climat, la centralisation de la communication par la Primature vise non seulement à protéger le processus en cours, mais aussi à préparer une réponse cohérente et crédible à l’échelle nationale comme internationale.

Journaliste|PDG du média YOKA INFOS