Kisangani : un ingénieur tord le cou aux accusations de surfacturation dans les travaux routiers

Dans un climat de controverses autour du coût des travaux de réhabilitation des routes à Kisangani, l’ingénieur Mathieu Sengi prend la parole pour lever toute équivoque. Interrogé par YOKA INFOS ce mercredi 16 juillet, il démonte, point par point, les critiques du sénateur Jean Saïdi Bamanisa et défend la rigueur technique du chantier.
Le débat autour du financement des voiries urbaines à Kisangani prend une nouvelle tournure. Après les déclarations du sénateur Jean Bamanisa dénonçant une prétendue surfacturation à hauteur de deux millions de dollars le kilomètre, la réponse est venue d’un homme du terrain. Ingénieur de formation et acteur direct dans l’analyse technique des projets routiers, Mathieu Sengi s’est exprimé au micro de YOKA INFOS pour remettre les pendules à l’heure.
« On parle ici d’un projet complexe, pas d’un simple revêtement de surface. La route, c’est un tout : chaussée, accotements, assainissement, terrassement, environnement. Dire que c’est surfacturé sans analyser ces éléments, c’est ignorer les fondamentaux du métier », soutient-il.
Selon lui, une route asphaltée classique peut coûter en moyenne 1,2 million de dollars par kilomètre, mais dès que l’on y intègre des ouvrages d’art, des études immobilières, environnementales, et les aléas du terrain, le montant augmente mécaniquement sans pour autant sortir des standards techniques admis. L’ingénieur rappelle que les conditions urbaines spécifiques à Kisangani imposent des ajustements structurants :
« On ne copie pas une maquette d’ailleurs pour l’imposer ici. Chaque tronçon a sa réalité géotechnique et sociale. »
Il insiste également sur la nécessité d’associer la population à la préservation des ouvrages, qu’il considère comme un patrimoine commun.
« Ce que l’autorité a mis à la disposition des citoyens, c’est une route complète, stable, équipée pour durer », ajoute-t-il.
Dans une démarche apaisée mais ferme, Mathieu Sengi salue la vigilance citoyenne de Jean Bamanisa, tout en soulignant que certaines données techniques ont, selon lui, échappé à l’analyse du sénateur.
« Ce sont des préoccupations légitimes, mais la technicité de l’ouvrage appelle à une lecture plus rigoureuse. »
Dans ce dossier hautement sensible, la voix de l’ingénieur Mathieu Sengi apporte un contrepoids nécessaire. Elle invite à dépasser les jugements hâtifs pour s’en tenir aux faits techniques, loin des spéculations politiques. Une manière aussi d’appeler à plus de pédagogie autour des finances publiques et des grands travaux.

Journaliste de YOKA INFOS depuis la ville de Kisangani