RDC : Face aux critiques, Judith Suminwa assume et explique la stratégie d’ouverture de Tshisekedi envers Kagame

Alors que l’appel de Félix Tshisekedi à Paul Kagame divise l’opinion, la Première ministre Judith Suminwa défend une approche tournée vers la stabilité régionale et la fin des violences dans l’Est du pays.
La main tendue du président Félix-Antoine Tshisekedi à son homologue rwandais Paul Kagame, lors du Forum Global Gateway tenu à Bruxelles, continue d’alimenter les débats en République démocratique du Congo. Si une partie de la classe politique et de l’opinion publique y voit une faiblesse stratégique, la Première ministre Judith Suminwa plaide, elle, pour une lecture lucide et pragmatique de la démarche présidentielle.
Prenant la parole au cours de la 62ᵉ réunion du Conseil des ministres, tenue vendredi 10 octobre à la Cité de l’Union africaine, Judith Suminwa a réaffirmé le soutien total du gouvernement à la position du Chef de l’État. Selon elle, la démarche de Félix Tshisekedi s’inscrit dans la continuité d’un engagement clair, œuvrer, par tous les moyens, au retour de la paix et à la relance du développement.
« Le Président de la République n’a cessé de ménager ses efforts pour assurer la stabilité et le développement de notre pays. C’est dans ce cadre qu’il a tendu la main au Président rwandais, dans un esprit de dialogue et de responsabilité régionale », a déclaré la cheffe du gouvernement.
L’appel du Président Tshisekedi à une paix des braves avec Paul Kagame a provoqué une salve de réactions. Le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a dénoncé ce qu’il qualifie de « cinéma politique », accusant le président congolais d’avoir détourné un forum de coopération pour en faire une tribune d’accusation.
Mais à Kinshasa, l’approche du Chef de l’État divise. Pour une partie de l’opposition, cette main tendue sonne comme un aveu de faiblesse, au moment où une portion du territoire national reste sous le contrôle des rebelles de l’AFC/M23, soutenus par Kigali. D’autres, en revanche, saluent un acte de courage diplomatique qui pourrait repositionner la RDC comme acteur central des efforts de stabilisation de la région des Grands Lacs.
En défendant la stratégie du Président Tshisekedi, Judith Suminwa assume une orientation politique audacieuse, celle d’une RDC qui privilégie le dialogue sans renoncer à sa souveraineté. Elle rappelle que l’ouverture n’est pas synonyme d’abandon, mais plutôt une voie réaliste vers la paix durable et la consolidation du leadership congolais sur la scène africaine.
Dans un contexte régional encore fragile, la position défendue par Judith Suminwa traduit une volonté de faire de la diplomatie congolaise un levier de stabilité, sans renier les principes de souveraineté ni les exigences de justice pour l’Est du pays.

