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Ituri : plus de 24 000 retournés vivent dans une extrême précarité à Mahagi, alerte l’OCHA

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Alors que le retour de milliers de déplacés à Mahagi (Ituri) était perçu comme un signe encourageant d’amélioration sécuritaire, la réalité humanitaire sur le terrain reste alarmante.

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) tire la sonnette d’alarme : plus de 24 000 personnes retournées dans le territoire de Mahagi, en province de l’Ituri, vivent dans une grande vulnérabilité. Ces familles avaient fui les violences armées entre septembre et décembre 2024, et ont commencé à regagner leurs villages début 2025, notamment dans les zones de santé de Yilo (Aungba) et Ndara Muswa (Angumu).

« Ces populations retournées vivent dans des conditions précaires, avec des besoins urgents en vivres, soins de santé, abris d’urgence, articles ménagers, eau potable, hygiène et assainissement », souligne le rapport mensuel de l’OCHA, publié jeudi 17 juillet 2025.

Malgré une légère accalmie sécuritaire dans certaines localités, attribuée au renforcement des Forces armées congolaises (FARDC) et aux efforts de sensibilisation des leaders communautaires, l’aide humanitaire reste quasi inexistante dans plusieurs zones.

Autre fait préoccupant : cinq ONG se sont retirées de la zone de santé d’Aungba depuis décembre 2024, faute de financement. Cela a laissé des milliers de personnes sans aucune assistance humanitaire structurée.

« À ce jour, aucun projet actif ne couvre les besoins dans cette zone », alerte l’agence onusienne.

Au 30 juin 2025, le territoire de Mahagi comptait 49 600 retournés et 378 000 déplacés internes, selon les statistiques de la Commission Mouvement de Population. Par ailleurs, dans d’autres zones de la province, notamment à Mambasa, des attaques récentes ont aggravé la situation. À Elake Centre, des hommes armés présumés ADF ont pillé des structures de santé le 26 juin dernier, détruisant des stocks de médicaments et de nourriture. Cette incursion compromet directement la prise en charge de plus de 340 enfants souffrant de malnutrition aiguë, indique le rapport.

« Des civils ont même été forcés de transporter les biens pillés avant d’être relâchés », déplore une source humanitaire.

Entre janvier et février 2025, 78 écoles ont fermé dans les zones de Fataki et Drodro, affectant l’éducation de près de 30 000 enfants, en raison des violences persistantes. Alors que la communauté humanitaire se mobilise ailleurs, l’Ituri reste une zone de crise oubliée, où la population civile paie un lourd tribut à l’insécurité et à l’indifférence. Les besoins sont immenses, les ressources rares.

« Le retrait des ONG dans certaines zones aggrave les souffrances. Nous appelons à une réponse urgente, coordonnée et durable », conclut le rapport.

Loin des projecteurs, Mahagi incarne le paradoxe congolais : des familles qui rentrent chez elles, portées par l’espoir, mais plongées dans une détresse encore plus profonde faute de prise en charge. Sans un sursaut national et international, ce retour tant espéré risque de devenir une nouvelle forme d’exil — un exil dans la misère.

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