FRIVAO : Retour de Monseigneur Mwarabu, après l’échec de l’équipe intérimaire nommée par Mutamba

Près de dix mois après sa suspension controversée, Monseigneur François Mwarabu a été reconduit à la tête du FRIVAO. Une décision saluée à Kisangani, qui intervient après la disgrâce de l’équipe intérimaire désignée par l’ancien ministre de la Justice, Constant Mutamba.
Ce mardi 29 juillet 2025, une cérémonie sobre mais hautement symbolique a marqué le retour de Monseigneur François Mwarabu Ngalema à la coordination nationale du FRIVAO (Fonds de Réparation et d’Indemnisation des Victimes des Activités Illicites de l’Ouganda).
Présidée à Kinshasa par le ministre ad intérim de la Justice, Samuel Mbemba Kabuya, cette reconduction s’inscrit dans une volonté de restaurer la confiance dans la gestion de ce fonds destiné aux victimes de la guerre de six jours. Dans son intervention, Mgr Mwarabu a exprimé sa reconnaissance au Chef de l’État, Félix Tshisekedi :
« Cette réhabilitation n’est pas une victoire personnelle, mais un signal fort pour la justice et la mémoire des victimes de Kisangani ».
Le 12 août 2024, Mgr Mwarabu avait été suspendu de ses fonctions à la suite d’un audit de l’Inspection Générale des Finances (IGF), sur fond de soupçons de mauvaise gestion. Il avait été interpellé, puis libéré après quelques heures, dans un contexte de fortes tensions locales. De nombreuses voix s’étaient élevées, notamment dans le clergé de Kisangani, pour dénoncer une procédure jugée injuste et précipitée.


Durant cette période, Chançard Bolukola Osony avait été nommé coordonnateur intérimaire, épaulé par une équipe désignée par l’ex-ministre Mutamba. Leur mission, restaurer l’ordre et garantir la transparence. Mais les espoirs ont rapidement été douchés.
Ce vendredi 25 juillet 2025, l’ex-coordonnateur Chançard Bolukola a été interpellé à Kinshasa, dans une affaire dont les détails restent encore confidentiels. Selon plusieurs sources proches du dossier, c’est la CENAREF (Cellule nationale des renseignements financiers) qui s’est saisie du cas un signal grave, cette structure n’intervenant que sur des flux suspects ou des irrégularités graves.
Nommé en août 2024 par Constant Mutamba, Bolukola avait succédé à Mgr Mwarabu dans un contexte de grande attente des victimes. Son interpellation jette une ombre sur sa gestion, d’autant plus que la CENAREF ne se saisit que de dossiers impliquant des mouvements financiers à risque.Le ministère de la Justice, sous la conduite de Samuel Mbemba, n’a pas encore réagi officiellement à l’affaire.
La réhabilitation de Mgr Mwarabu intervient dans un contexte de pression croissante pour un meilleur encadrement des mécanismes de réparation. Si les fonds alloués par l’Ouganda doivent effectivement servir les victimes, ils sont aussi devenus un révélateur des failles de gouvernance persistantes.
À Kisangani, où la mémoire de la guerre de six jours reste vive, ce retour est accueilli comme un rééquilibrage nécessaire. Pour beaucoup, Mgr Mwarabu incarne encore la rigueur morale et la proximité sociale que la gestion du FRIVAO exige.
Entre suspicions de détournement, conflits d’intérêts et retournements politiques, la trajectoire du FRIVAO reflète les fragilités mais aussi les espoirs d’un pays en quête de justice réparatrice. La balle est désormais dans le camp de Monseigneur Mwarabu, faire oublier les errements du passé et remettre les victimes au cœur du processus.
