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Le Congo est à genoux et personne ne viendra le sauver : le cri d’alarme du Dr Denis Mukwege au Genocost

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À l’occasion de la commémoration du Genocost, le Dr Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix 2018, a prononcé un discours poignant, dénonçant l’impunité, les ingérences étrangères et la faillite de l’État congolais. Son appel sonne comme un sursaut de conscience pour toute la nation.

Le 29 juillet 2025, à l’occasion de la commémoration annuelle du Genocost, le Dr Denis Mukwege a livré une allocution marquante, empreinte d’indignation et de lucidité. Dans un ton grave, le célèbre gynécologue et défenseur des droits humains a dressé un tableau alarmant de la situation en République Démocratique du Congo, appelant à une prise de conscience à la fois nationale et internationale.

« Personne ne viendra sauver le Congo à notre place », a-t-il lancé d’entrée de jeu, comme pour secouer une opinion souvent résignée.

Loin des discours diplomatiques convenus, Mukwege a mis en accusation le Rwanda, qu’il considère comme le véritable artisan du retour du M23, un groupe rebelle accusé de multiples exactions à l’Est du pays. Pour lui, il ne s’agit ni d’un conflit ethnique ni d’un simple problème sécuritaire, mais bien d’une stratégie d’appropriation des ressources minières congolaises.

« Le mobile principal de la résurgence du M23 contrôlé par l’armée rwandaise réside dans l’accaparement des ressources minières congolaises, compromettant l’intégrité des chaînes d’approvisionnement des minerais stratégiques essentiels à l’économie mondiale », a-t-il martelé.

Mukwege s’est également montré inquiet de la dynamique politique imposée par les groupes armés, notamment l’AFC/M23, qui selon lui, instillent la terreur pour préparer une balkanisation progressive du territoire national. Il dénonce une manipulation du concept de fédéralisme, utilisé comme cheval de Troie d’un projet plus vaste d’éclatement du pays.

« Les rebelles de l’AFC/M23 s’appuient sur le climat de terreur pour promouvoir un fédéralisme qui préfigurera l’éclatement du pays », a-t-il alerté.

Mais le Nobel de la paix ne s’en est pas tenu aux acteurs étrangers. Il a également lancé une salve sévère à l’endroit des autorités congolaises, qu’il accuse de brader les ressources du pays à travers des accords précipités et non-transparents.

« Les autorités congolaises poursuivent le bradage de nos ressources et l’abandon de notre souveraineté avec des accords de paix opaques. À l’instar de la présence prédatrice des Chinois, les initiatives actuelles s’inscrivent dans une logique extractiviste néocoloniale choquante », a-t-il dénoncé.

Au cœur de son plaidoyer : la justice. Pour Mukwege, il ne saurait y avoir de paix durable en RDC sans réparation, ni reconnaissance, ni procès des crimes. Il appelle à rompre avec la logique des compromis politiques qui sacrifient la vérité et les victimes.

« La justice pour les millions de victimes congolaises est non négociable, et aucun accord ne pourra mener à une paix durable en sacrifiant la justice et le droit international », a-t-il averti.

Alors que l’Est du Congo vit une nouvelle vague d’instabilité, avec des populations déplacées, des violences armées quotidiennes et des silences diplomatiques persistants, ce discours de Mukwege résonne comme un cri de vérité et d’espoir mêlés. Un rappel que le Congo ne se redressera que si ses enfants se lèvent pour le défendre, et si le monde cesse de détourner le regard.

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