Kisangani : l’honorable Théoveul Lotika face aux cadres administratifs pour une restitution parlementaire constructive

À Kisangani, le député national est allé à la rencontre des hauts cadres administratifs et académiques pour exposer ses actions parlementaires, mais aussi pour recueillir des recommandations en vue de la session budgétaire de septembre.
Il faut croire qu’en République démocratique du Congo, la redevabilité parlementaire est encore l’exception. Et pourtant, ce samedi 5 juillet 2025, dans la salle du restaurant la Fourchette, l’honorable Théoveul Lotika Likwela a donné un véritable cours de transparence politique. Devant les chefs des établissements supérieurs et universitaires, les directeurs des divisions provinciales et les représentants des organisations de la société civile, le député élu de Kisangani est venu rendre compte, s’expliquer et écouter. Un exercice qu’il considère comme un devoir.
« Nous avons pris l’habitude de rendre compte. Nous l’avons toujours fait, même quand nous étions encore à l’Assemblée provinciale. Ce n’est pas une faveur. C’est une obligation morale et politique », a-t-il déclaré à l’ouverture de la rencontre.

Rendre compte, mais aussi écouter
L’élu a annoncé que les contributions issues de cette rencontre allaient servir à enrichir le rapport parlementaire qu’il doit présenter lors de la session budgétaire de septembre 2025.
« Nous sommes venus ici pour deux choses : rendre compte, et recevoir vos désidératas. Vos constats, vos blocages, vos recommandations », a-t-il précisé, dans une tonalité empreinte de gravité.
Trois urgences vitales : électricité, routes, sécurité
Dans un exposé limpide et chiffré, Théoveul Lotika a ensuite présenté les trois axes prioritaires de son mandat : l’électricité et l’eau, les infrastructures routières,et la sécurité publique.
Le cas de la centrale hydroélectrique de la Tshopo a été longuement développé. Construite en 1964, dotée de trois groupes générateurs d’une capacité totale de 18 mégawatts, elle ne fonctionne aujourd’hui qu’avec un seul groupe, produisant péniblement 5 mégawatts pour une ville dont la demande dépasse 45 mégawatts.

FRIVAO : 9 millions USD bloqués dans une impasse
Pourtant, un espoir avait émergé avec le déblocage, en août 2023, de 9 millions de dollars américains par le Fonds de Réparation et d’Indemnisation des Victimes des Activités Illicites de l’Ouganda en RDC (FRIVAO), en vue de la réhabilitation de cette centrale stratégique. Mais après avoir saisi officiellement la direction générale de la SNEL par question écrite, l’élu a appris que seuls 2 millions avaient été utilisés, les autres fonds étant restés dormants faute de projet adapté.
« Le DG nous a dit que pour réhabiliter complètement la centrale, il faut au moins 56 millions de dollars. Voilà pourquoi nous avons identifié une société spécialisée, Congo Energy, capable de prendre en charge ces travaux. »
Un consensus avait été trouvé, réunissant le ministère de la Justice, la SNEL, les députés nationaux de la Tshopo et le coordonnateur de FRIVAO. Mais le projet a été bloqué à la suite d’un autre dossier judiciaire : la construction d’une maison carcérale à Kisangani. Un conflit administratif est venu tout paralyser.
« C’est une aberration que l’intérêt collectif d’une ville entière soit paralysé à cause d’un contentieux bureaucratique. Kisangani a besoin de courant, pas de promesses », a fustigé l’élu.

Infrastructures : une action engagée au niveau national
Le deuxième axe, celui des infrastructures routières, n’a pas été oublié. Dès le 20 décembre 2024, l’élu a saisi le bureau de l’Assemblée nationale pour transmettre une question orale avec débat au Vice-premier ministre en charge des Travaux publics, dénonçant l’état catastrophique du réseau routier à Kisangani et dans ses environs.
Sécurité : la motion qui a déclenché l’opération Ndobo
Côté sécurité, Théoveul Lotika rappelle qu’il est à l’origine d’une motion d’information déposée à l’Assemblée nationale pour alerter sur la montée de l’insécurité urbaine à Kisangani. Cette démarche a abouti, selon lui, au lancement de l’opération Ndobo, une initiative sécuritaire en cours dans plusieurs quartiers stratégiques de la ville.
Prendre la parole à l’Assemblée, un véritable combat
Au-delà des actes posés, le député a aussi tenu à révéler les obstacles invisibles, parfois insoupçonnés, auxquels il fait face dans l’exercice de ses fonctions.
« Prendre la parole à l’Assemblée nationale est un combat. Faire passer une action parlementaire est un véritable combat. On m’a déjà décalé plusieurs fois et sciemment, mais je ne me décourage pas », a-t-il confié, en aparté avec les journalistes.
Une phrase qui sonne comme un aveu lucide sur la dure réalité du parlementarisme congolais, où les initiatives les plus légitimes doivent parfois se frayer un chemin dans un climat de résistance et de rapports de force.

Une méthode, une ligne, une conviction
Interrogé à la fin de l’activité, le député a réaffirmé que cette rencontre n’était qu’une première étape. Dans les jours à venir, d’autres couches de la population seront consultées, notamment les jeunes, les femmes et les leaders communautaires. « Aujourd’hui, c’était les cadres. Demain, ce sera la base. Chacun a quelque chose à dire. Mon devoir, c’est d’écouter et d’agir. »
À l’heure où la méfiance envers les institutions ne cesse de grandir, cette initiative portée par l’honorable Théoveul Lotika vient rappeler une évidence : la légitimité d’un élu se mesure à sa capacité d’agir, mais surtout de rendre compte. Et dans un environnement politique souvent opaque, cet exercice de vérité, même imparfait, ouvre une brèche dans le mur du silence parlementaire.

Journaliste|PDG du média YOKA INFOS