FRIVAO : un million USD pour un documentaire, Filimbi dénonce une gestion douteuse à Kisangani

Dans un rapport publié ce 26 juin, le mouvement citoyen Filimbi alerte sur une série d’irrégularités financières au sein du Fonds de réparation destiné aux victimes de guerre. Il pointe un contrat opaque de 1 million de dollars pour un film sur la guerre de six jours.
Le mouvement citoyen Filimbi tire la sonnette d’alarme sur ce qu’il qualifie de gestion opaque des fonds du FRIVAO, le Fonds de réparation destiné aux victimes des actes de guerre imputés à l’Ouganda. Dans un rapport intitulé « Réparer les victimes, pas détourner les fonds », rendu public ce mercredi à Kisangani, le collectif dénonce des pratiques douteuses au sein de la structure.
Au cœur de la polémique : la production d’un documentaire sur les événements tragiques de la guerre de six jours. Le marché, attribué sans appel d’offres à une société privée, DIVO INTERNATIONAL SARLU, avait initialement été évalué à 700.000 dollars américains, mais les décaissements ont atteint 1 million USD, selon le rapport.
Deux tranches de 500.000 dollars auraient été versées en toute discrétion, sans qu’aucune procédure rigoureuse ne soit respectée. Pire encore, le produit final le documentaire n’a été présenté au public qu’au bout de six mois, lors d’une projection à Kinshasa, dans une salle appartenant au responsable de la société prestataire. Le coordonnateur du FRIVAO, Chançard Bolukola, y a personnellement pris part.
Un schéma classique de clientélisme, déplore Filimbi, qui exige un audit indépendant, public et rigoureux de la gestion du FRIVAO. Le mouvement appelle également à des poursuites judiciaires contre les éventuels auteurs de détournements ou de favoritisme.
Pour rappel, la République démocratique du Congo a reçu 325 millions USD de la part de l’Ouganda, sur décision de la Cour internationale de Justice. Une première tranche de 195 millions est actuellement sous la gestion du FRIVAO, dont la mission est de financer la réparation des victimes des conflits ayant ravagé l’est du pays entre 1998 et 2000, notamment à Kisangani.Mais pour Filimbi, si aucune réforme sérieuse n’est engagée, le FRIVAO risque de se transformer en pompe à financement illicite, au détriment des véritables victimes, qui continuent de vivre dans l’oubli.

Journaliste|PDG du média YOKA INFOS