Tshopo : ENABEL suspend temporairement ses activités après le lynchage de quatre agents de santé à Isangi

L’agence belge de développement ENABEL a annoncé l’arrêt momentané de ses interventions dans certaines localités du territoire d’Isangi, suite à la mort tragique de quatre agents de la Division Provinciale de la Santé, victimes de lynchages liés à des rumeurs sur l’atrophie génitale masculine.
Ce lundi 6 octobre, quatre membres de la Division Provinciale de la Santé ont été tués à Ilambi et Yanfira, dans le territoire d’Isangi (province de la Tshopo), dans des circonstances particulièrement violentes. Ces professionnels de santé, dont un épidémiologiste et deux médecins, ont été pris à partie par des habitants qui les accusaient à tort de provoquer une prétendue disparition d’organes génitaux masculins. Leurs corps ont été incendiés sur place, dans un acte de justice populaire.
En réaction à cet événement dramatique, ENABEL a décidé de suspendre toutes ses activités dans les zones concernées afin de protéger ses collaborateurs encore présents sur le terrain. Dans une correspondance adressée au gouverneur de la province, Prosper Ntema Kiyayi, Program Manager d’ENABEL pour la Tshopo et le Sud-Kivu, précise que cette mesure est préventive et restera en vigueur « jusqu’à nouvel ordre ». L’agence appelle également les autorités locales à prendre les dispositions nécessaires pour garantir la sécurité des équipes travaillant notamment dans les secteurs de la santé, de l’agriculture et de l’éducation.
Cette tragédie n’est pas un cas isolé dans la région. Hier mardi 7 octobre, trois autres personnes ont été tuées à Kisangani pour des accusations similaires, et une autre à Banalia. Depuis plusieurs mois, près d’une dizaine de décès liés à des rumeurs de pratiques mystiques et d’atrophie génitale ont été enregistrés dans différents territoires de la province, illustrant une psychose persistante qui met en danger les professionnels de santé et la population.
Face à ces incidents répétés, les autorités locales et les acteurs humanitaires sont interpellés sur l’urgence de sensibiliser la population et de renforcer la protection des agents de santé sur le terrain.
Le lynchage de ces professionnels souligne la nécessité d’une mobilisation collective pour combattre les rumeurs et assurer un climat sécurisé pour le personnel médical en Tshopo.

Journaliste|PDG du média YOKA INFOS
