Tshopo : Les intellectuels alertent sur l’insécurité et les lacunes de la gouvernance provinciale

Une délégation de chercheurs de la Grande Orientale a présenté ce lundi 6 octobre à l’Assemblée provinciale de la Tshopo un rapport sur la gouvernance, la sécurité et le leadership provincial. Le document met en évidence des failles préoccupantes et appelle à plus de transparence et d’engagement des autorités.
Une délégation de leaders intellectuels, coordonnée par le professeur Trésor-Grison Kakumbi, a remis ce lundi au président de l’Assemblée provinciale, Dr Mateus Kanga, les résultats d’une enquête citoyenne menée auprès de plus de 5 000 habitants à travers Kisangani et les sept territoires de la province. L’objectif est d’évaluer la gouvernance, les infrastructures et le leadership provincial dans une perspective constructive.
« Nous ne sommes pas là pour critiquer gratuitement. Notre but est de mettre en lumière la réalité vécue par les habitants et de proposer des pistes pour améliorer le développement local. », a expliqué le professeur Kakumbi.
Sécurité et infrastructures en souffranceLe rapport souligne une recrudescence de l’insécurité, avec des braquages, cambriolages, viols et extorsions signalés à Kisangani, INERA Yangambi, Bafwasende et Basoko. Les chercheurs pointent également le manque de moyens des services de sécurité, carburant insuffisant, matériels limités et budgets restreints.
« Où passe le budget alloué à la sécurité ? » a interpellé le professeur Kakumbi, invitant les députés à renforcer le contrôle parlementaire pour protéger les populations.


Les conflits coutumiers et fonciers restent un autre point préoccupant, souvent aggravés par des décisions contradictoires des autorités provinciales. Les chercheurs ont demandé des éclaircissements sur l’utilisation des budgets dans les territoires et sur la mise en application des édits provinciaux déjà adoptés.
« Ces textes existent pour servir la population, pas pour rester lettre morte », a insisté le professeur.
Liberté d’expression et droits humains
Un moment fort de la rencontre a été la demande de libération de Jedidia Mabela, militant de la LUCHA et défenseur des droits humains.
« On ne doit pas étouffer la voix du peuple. Si l’expression est impossible dans la Tshopo, commencez par m’arrêter ! », a lancé le professeur Kakumbi, salué par les chercheurs présents.
Il a rappelé que le respect des libertés fondamentales est indispensable pour un développement harmonieux et que la protection des acteurs de la société civile doit être une priorité.
Réponse de l’Assemblée provinciale
Le président Dr Mateus Kanga a pris acte des recommandations :
« Vos analyses sont précieuses et nous les examinerons attentivement. Si elles correspondent à nos informations, nous travaillerons ensemble pour corriger les erreurs du passé. »
Concernant la libération de Jedidia Mabela, il a assuré que la question serait suivie dans le respect des procédures légales, combinant dialogue et légalité.
Les chercheurs ont conclu en rappelant que la stabilité d’une province ne se mesure pas à la continuité des institutions, mais au bien-être de sa population. Ils appellent les députés à un contrôle vigilant et à une gouvernance tournée vers les habitants, afin que les politiques publiques produisent un impact réel sur le terrain.

