RDC : la prévalence contraceptive stagne à 15 %, loin des objectifs FP2030

En ce 26 septembre, Journée mondiale de la contraception, la RDC affiche seulement 15 % de prévalence contraceptive moderne, alors que les projections prévoyaient déjà 20 %. Un écart révélateur des défis persistants en matière de santé reproductive.
La République démocratique du Congo a doublé son taux de prévalence contraceptive en dix ans, passant de 8 % en 2013 à 15 % en 2023. Mais cette progression, saluée par les experts, reste en deçà des ambitions fixées par le pays dans le cadre du partenariat international FP2030.
« Nous avons boosté la contraception, mais les défis demeurent énormes », constate le Dr Anne-Marie Ntumba, directrice du Programme national de la santé de la reproduction (PNSR). Si certaines provinces affichent des performances encourageantes, le niveau national reste insuffisant pour atteindre les objectifs.
Pour le Dr Tony Mayawula, directeur exécutif a.i. de l’ABEF-ND et délégué du Comité technique multisectoriel permanent de la planification familiale (CTMP), la faiblesse de la prévalence s’explique par plusieurs facteurs, un déficit de financements pour l’achat et la distribution des contraceptifs, une insuffisance de prestataires qualifiés pour offrir les services, et surtout un manque d’information fiable au sein des communautés.
« La première méthode contraceptive, c’est l’information », souligne-t-il, appelant à une mobilisation accrue des médias pour sensibiliser la population.
Au-delà des contraintes structurelles, la planification familiale reste freinée par des résistances culturelles et de nombreuses idées reçues. Certaines rumeurs assimilent la contraception au cancer ou à une stratégie visant à limiter les naissances en Afrique.
Le Dr Ntumba insiste :
« Ce ne sont pas des effets néfastes, mais des effets secondaires. Chaque personne doit consulter un personnel formé qui évalue la méthode adaptée à son cas. Bannissons le bouche-à-oreille et approchons les centres de santé. »
À l’occasion de cette Journée mondiale de la contraception, les experts lancent un triple appel, au gouvernement d’augmenter les financements et placer la planification familiale au premier plan des priorités nationales, aux communautés d’adopter les méthodes contraceptives dans une logique de santé et de bien-être familial, et à la presse d’intensifier la diffusion d’une information claire et crédible pour contrer les rumeurs.
La RDC a franchi des étapes importantes, mais l’écart avec les objectifs FP2030 reste criant. La planification familiale n’est pas seulement une question de chiffres, elle conditionne la santé des mères et des enfants, l’équilibre des familles et le développement du pays. Sans un sursaut collectif, la barre des 20 % risque de rester hors de portée.

Journaliste|PDG du média YOKA INFOS
