Kisangani : la Cour de cassation saisie par les victimes du FRIVAO

En marge de l’arrivée du Procureur général près la Cour de cassation à Kisangani, la communauté des victimes du Fonds de réparation (FRIVAO) a livré ses vérités sur la gestion de l’institution et dénoncé la détention jugée abusive de leur coordonnateur intérimaire.
Le 11 septembre dernier, Firmin Mvonde, Procureur général près la Cour de cassation, a foulé le sol de Kisangani. Cette visite a offert à la communauté des victimes du FRIVAO l’opportunité d’exprimer directement leurs préoccupations au plus haut magistrat du parquet.
Dans leur mémorandum, les victimes ont d’abord rappelé les dysfonctionnements de la gestion passée, sous l’ancien coordonnateur Mgr François Mwarabu, accusé d’avoir indemnisé à peine une centaine de personnes en plusieurs mois, contre plus de 14.000 bénéficiaires servis en huit mois par l’actuel coordonnateur a.i, Chançard Bolukola Osony. Elles pointent également du doigt Bernard Kalombola, président du Conseil d’administration, qu’elles accusent de ne pas être une véritable victime tout en multipliant les interférences dans la gestion.
Arrestation contestée
Le cœur de leur dénonciation repose sur l’arrestation prolongée de Chançard Bolukola, détenu depuis plus de cinquante jours sans avoir été déféré devant son juge naturel. Selon les victimes, cette arrestation est intervenue au moment même où l’Inspection générale des finances (IGF) menait un audit sur le fonctionnement du FRIVAO.
Elles estiment que le blocage actuel découle d’un conflit entre le PCA et le coordonnateur a.i. Ce dernier aurait catégoriquement rejeté la proposition de Kalombola visant à allouer près de 4 millions USD à des structures et individus non victimes, notamment une église, une communauté locale, une société privée et un particulier. Pour la communauté des victimes, ce refus a déclenché une campagne visant à écarter le coordonnateur qui, selon elles, avait gagné leur confiance.
Des fonds sécurisés mais une attente qui s’allonge
Les victimes ont tenu à préciser que les paiements manuels effectués au bureau du FRIVAO n’étaient pas synonymes de détournement, mais une procédure convenue avec la Rawbank Kisangani pour accélérer la paie. Elles rappellent aussi que depuis mai, les comptes du fonds sont gelés par la CENAREF, afin de garantir la sécurité des avoirs en attendant que justice soit faite dans le dossier judiciaire opposant le ministère public à l’ancien ministre de la Justice Constant Mutamba.
Pour les victimes, l’essentiel est clair : « Nous voulons que justice soit rendue et que notre coordonnateur soit libéré. L’argent du FRIVAO doit servir aux véritables victimes et non aux ambitions personnelles. » Un appel solennel adressé à la Cour de cassation, dans l’espoir de voir la lumière jaillir dans ce dossier complexe.

Journaliste de YOKA INFOS depuis la ville de Kisangani
