Nord-Kivu : les rebelles du M23 utilisent des élèves en uniforme comme porteurs de guerre

À Walikale, plusieurs élèves finalistes en uniforme scolaire ont été aperçus transportant des caisses de munitions pour les rebelles de l’AFC/M23, quelques jours seulement après avoir terminé leur examen d’État. Ce nouvel épisode met en lumière les graves violations des droits de l’enfant dans l’Est de la RDC.
Des sources concordantes rapportent que ces élèves, visiblement encore mineurs pour la plupart, ont été contraints ou manipulés par les éléments de l’AFC/M23 à servir de porteurs. Le fait s’est produit dans les localités de Buleusa, Kipese, et Kasuka, dans le territoire de Walikale, à la suite de la session ordinaire de l’examen d’État qui s’est clôturée la semaine dernière.
« Ils avaient encore leurs uniformes. Ils transportaient des caisses de munitions, accompagnés de plusieurs combattants bien armés », témoigne un habitant de la région, joint par téléphone.
Ce cas, loin d’être isolé, relance les inquiétudes sur l’exploitation des enfants par des groupes armés dans les zones de conflit. L’AFC/M23, coalition armée active dans plusieurs territoires du Nord-Kivu, est régulièrement accusée de recruter ou d’utiliser des enfants dans ses rangs, malgré les multiples condamnations internationales.
Plusieurs organisations locales appellent les autorités à enquêter sans délai sur cet incident. « C’est une ligne rouge. Utiliser des élèves en uniforme, juste après leur examen, est une atteinte directe à leur avenir et à leur intégrité physique et psychologique », alerte un acteur de la société civile de Walikale.
Le silence apparent des autorités provinciales face à cette situation soulève également des préoccupations sur la capacité de l’État à protéger les civils en particulier les enfants dans les zones sous influence rebelle.
Selon plusieurs analystes sécuritaires, l’utilisation de jeunes élèves pourrait faire partie d’une stratégie délibérée de la part des groupes armés pour se fondre dans la population et éviter d’être ciblés. Une tactique cynique qui accroît la confusion sur les lignes de front et fragilise davantage les communautés locales.
« Les enfants deviennent des boucliers humains ou des outils logistiques dans une guerre qu’ils ne comprennent même pas. C’est inacceptable », résume un expert basé à Goma.
Alors que la communauté internationale continue de dénoncer l’implication d’enfants dans les conflits armés en RDC, les actes concrets tardent à suivre. Aucun responsable du M23 n’a encore été poursuivi spécifiquement pour ces crimes. L’impunité nourrit la répétition de ces pratiques.
L’incident de Walikale n’est pas un simple fait divers : il révèle le drame silencieux d’une jeunesse prise en otage par la guerre. Dans une province où l’école est déjà une conquête, voir des élèves échanger les bancs de classe contre des caisses de munitions est une blessure nationale, qui exige action, justice et réparation.

Journaliste|PDG du média YOKA INFOS