Lubumbashi : une descente militaire dans une propriété de Joseph Kabila suscite une vive controverse

Dans la nuit du 14 au 15 juillet 2025, des éléments de la Garde républicaine ont pris d’assaut la ferme de Kashamata, domaine privé de l’ancien président Joseph Kabila, à Lubumbashi. Une opération menée sans communication officielle ni cadre légal connu, qui fait réagir la société civile et alimente les spéculations sur ses véritables motivations.
Une intervention militaire inattendue s’est déroulée lundi 14 juillet dans la périphérie de Lubumbashi, où la ferme de Kashamata, appartenant à Joseph Kabila, ancien président de la République, a été investie par des dizaines de militaires de la Garde républicaine. Des témoins rapportent que les agents de sécurité et les travailleurs présents ont été expulsés sans ménagement, dans une opération menée à bord de jeeps et camions militaires. L’action s’est déroulée sans mandat judiciaire connu ni communication préalable des autorités compétentes, plongeant l’opinion dans l’incompréhension. Du côté de la société civile, l’indignation est palpable.
Justicia ASBL, organisation de défense des droits humains, condamne vigoureusement cette opération qu’elle juge illégale et préoccupante pour l’équilibre institutionnel du pays.
« Jusqu’à ce jour, aucune procédure judiciaire n’est engagée contre l’ancien président Joseph Kabila. Dès lors, nous nous interrogeons sur l’identité de l’autorité qui a donné l’ordre d’envahir cette propriété privée, et surtout sur les véritables motivations de cette action », a déclaré Maître Timothée Mbuya, président de Justicia.
Dans un second temps, l’organisation a interpellé les institutions sur leur silence face à une intrusion militaire dans un domaine privé, mettant en garde contre les dérives que ce précédent pourrait entraîner.
« Ce qui s’est passé à Kashamata est grave. C’est une intrusion armée, planifiée et exécutée sans fondement légal. Cela crée un dangereux précédent dans un État qui se dit de droit. L’usage de la force contre des biens privés, sans mandat judiciaire, est une atteinte aux droits fondamentaux et à la sécurité juridique des citoyens, quel que soit leur statut », a-t-il ajouté.
À ce jour, aucune réaction officielle n’a été émise ni par les autorités militaires, ni par les instances judiciaires. Dans un contexte politique marqué par des tensions croissantes, ce mutisme alimente les interprétations et nourrit les inquiétudes.
Dans les rues de Lubumbashi, le climat est tendu, et certains observateurs y voient un signal politique, voire une tentative d’intimidation, alors que Joseph Kabila, récemment revenu sur la scène publique, est accusé par certains acteurs du pouvoir de proximité avec les groupes armés de l’Est, notamment l’AFC/M23. Un dossier judiciaire serait en cours d’instruction à l’auditorat militaire.
Cette opération opaque interroge la capacité des institutions à garantir les droits fondamentaux pour tous, y compris les anciens dignitaires. Sans explication claire, l’intervention de Kashamata risque de rester dans l’histoire comme un précédent troublant, au moment où la RDC revendique sa marche vers la démocratie et l’indépendance de la justice.

Journaliste|PDG du média YOKA INFOS